Villa Santo Sospir
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Villa Santo Sospir | La villa tatouée par Jean Cocteau

Perchée sur les hauteurs de Saint-Jean-Cap-Ferrat, face à la Méditerranée et au phare du Cap, la Villa Santo Sospir est l’une des demeures les plus envoûtantes de la Côte d’Azur. Nous avons eu la chance de la visiter il y a quelques années, et puisque cela n’est plus possible aujourd’hui, la villa étant désormais une résidence privée, nous souhaitons partager cette expérience unique.

Acquise dans les années 1940 par Alec Weisweiller, qui promit à son épouse Francine une maison de rêve dans le Sud s’ils survivaient à la guerre, la villa dominait alors la mer près du phare du Cap Ferrat. Son nom, « Santo Sospir », fait référence à l’ancienne désignation de la presqu’île, hommage à un moine du VIe siècle.

Au printemps 1950, la villa change de destinée.

Nicole Stéphane, actrice des Enfants Terribles- un film adapté du célèbre roman de Jean Cocteau – et cousine d’Alec Weisweiller, présente l’écrivain à Francine. Un véritable coup de foudre amical se noue entre eux, et elle l’invite à passer une semaine de repos à la villa.

Cocteau, tout juste sorti du tournage de son film, s’ennuie vite et lui demande la permission de dessiner une tête d’Apollon au-dessus de la cheminée. Ce premier dessin en entraîne d’autres : deux « prêtres du soleil », inspirés des pêcheurs de Villefranche, apparaissent sur un mur.

Comme le disait Matisse, « Quand on décore un mur, on décore les autres. » Ce séjour d’une semaine devient un projet de douze ans.

Villa Santo Sospir
Villa Santo Sospir

Il travaille sans esquisses, directement les murs. Au fusain d’abord, puis à la tempera – une peinture à base de pigments mélangés à du lait cru, utilisée depuis l’Antiquité pour sa durabilité et le rendu vibrant des couleurs.

Les thèmes, chers au poète, sont ceux de la Méditerranée – ses pêcheurs, le soleil, la nuit – et surtout la mythologie grecque. « Il ne fallait pas habiller les murs, il fallait dessiner sur leur peau », expliquera-t-il. « C’est pourquoi j’ai traité les fresques linéairement avec le peu de couleurs qui rehaussent les tatouages. Santo Sospir est une villa tatouée ».

Après les murs, Cocteau trouve les plafonds trop blancs : il les orne alors de motifs géométriques aux teintes pastels.

Il crée également deux mosaïques pour le patio d’entrée (un serpent, deux visages et une tête d’Orphée), puis offre en 1953 à Francine une tapisserie précieuse, Judith et Holopherne, créée à Milly-la-Forêt.

La salle à manger conserve aujourd’hui cette tapisserie, des murs et plafonds en rotin, ainsi que du mobilier en osier. L’ensemble des meubles et des tissus a été sélectionné en étroite collaboration avec Madeleine Castaing, décoratrice renommée et amie de Francine, dont le goût raffiné et l’expertise ont permis de prolonger l’élan décoratif amorcé par Cocteau.

Villa Santo Sospir

Dans la chambre de Francine Weisweiller, une nymphe se prépare à punir Actéon, qui avait surpris Diane à sa toilette. Un berger mythologique veille au-dessus de son lit. La chambre de sa fille Carole a également été peinte par Cocteau.

Villa Santo Sospir
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Sur la terrasse, l’écho des soirées d’été demeure. Eric – ancien infirmier de Francine, devenu gardien de la Villa, qui nous accueille pour la visite – se souvient des cocktails que Cocteau préparait pour les invités de passage : Pablo Picasso et Jacqueline, Coco Chanel, Greta Garbo, Francis Poulenc…

Villa Santo Sospir

Villa Santo Sospir est une maison habitée par la poésie, le temps suspendu, la lumière et la mémoire. Depuis 2007, elle est inscrite au titre des Monuments Historiques. En la visitant, on ressent l’aura de ce lieu unique, ce sanctuaire méditerranéen où l’art et l’amitié ont laissé une empreinte indélébile.

« Picasso, Matisse, Chagall, moi-même, sur cette côte où vivait Renoir, nous avons essayé de vaincre l’esprit de destruction qui domine l’époque, nous avons orné des surfaces que les hommes rêvent de démolir. Peut-être que l’amour de notre travail les protégera contre les bombes. »  –  Jean Cocteau.

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Villa Santo Sospir | La villa tatouée par Jean Cocteau

Perchée sur les hauteurs de Saint-Jean-Cap-Ferrat, face à la Méditerranée et au phare du Cap, la Villa Santo Sospir est l’une des demeures les plus envoûtantes de la Côte d’Azur. Nous avons eu la chance de la visiter il y a quelques années, et puisque cela n’est plus possible aujourd’hui, la villa étant désormais une résidence privée, nous souhaitons partager cette expérience unique.

Acquise dans les années 1940 par Alec Weisweiller, qui promit à son épouse Francine une maison de rêve dans le Sud s’ils survivaient à la guerre, la villa dominait alors la mer près du phare du Cap Ferrat. Son nom, « Santo Sospir », fait référence à l’ancienne désignation de la presqu’île, hommage à un moine du VIe siècle.

Au printemps 1950, la villa change de destinée.

Villa Santo Sospir

Nicole Stéphane, actrice des Enfants Terribles- un film adapté du célèbre roman de Jean Cocteau – et cousine d’Alec Weisweiller, présente l’écrivain à Francine. Un véritable coup de foudre amical se noue entre eux, et elle l’invite à passer une semaine de repos à la villa.

Cocteau, tout juste sorti du tournage de son film, s’ennuie vite et lui demande la permission de dessiner une tête d’Apollon au-dessus de la cheminée. Ce premier dessin en entraîne d’autres : deux « prêtres du soleil », inspirés des pêcheurs de Villefranche, apparaissent sur un mur.

Comme le disait Matisse, « Quand on décore un mur, on décore les autres. » Ce séjour d’une semaine devient un projet de douze ans.

Il travaille sans esquisses, directement les murs. Au fusain d’abord, puis à la tempera – une peinture à base de pigments mélangés à du lait cru, utilisée depuis l’Antiquité pour sa durabilité et le rendu vibrant des couleurs.

Les thèmes, chers au poète, sont ceux de la Méditerranée – ses pêcheurs, le soleil, la nuit – et surtout la mythologie grecque. « Il ne fallait pas habiller les murs, il fallait dessiner sur leur peau », expliquera-t-il. « C’est pourquoi j’ai traité les fresques linéairement avec le peu de couleurs qui rehaussent les tatouages. Santo Sospir est une villa tatouée ».

Villa Santo Sospir

Après les murs, Cocteau trouve les plafonds trop blancs : il les orne alors de motifs géométriques aux teintes pastels.

Il crée également deux mosaïques pour le patio d’entrée (un serpent, deux visages et une tête d’Orphée), puis offre en 1953 à Francine une tapisserie précieuse, Judith et Holopherne, créée à Milly-la-Forêt.

La salle à manger conserve aujourd’hui cette tapisserie, des murs et plafonds en rotin, ainsi que du mobilier en osier. L’ensemble des meubles et des tissus a été sélectionné en étroite collaboration avec Madeleine Castaing, décoratrice renommée et amie de Francine, dont le goût raffiné et l’expertise ont permis de prolonger l’élan décoratif amorcé par Cocteau.

Villa Santo Sospir

Dans la chambre de Francine Weisweiller, une nymphe se prépare à punir Actéon, qui avait surpris Diane à sa toilette. Un berger mythologique veille au-dessus de son lit. La chambre de sa fille Carole a également été peinte par Cocteau.

Villa Santo Sospir

Sur la terrasse, l’écho des soirées d’été demeure. Eric – ancien infirmier de Francine, devenu gardien de la Villa, qui nous accueille pour la visite – se souvient des cocktails que Cocteau préparait pour les invités de passage : Pablo Picasso et Jacqueline, Coco Chanel, Greta Garbo, Francis Poulenc…

Villa Santo Sospir est une maison habitée par la poésie, le temps suspendu, la lumière et la mémoire. Depuis 2007, elle est inscrite au titre des Monuments Historiques. En la visitant, on ressent l’aura de ce lieu unique, ce sanctuaire méditerranéen où l’art et l’amitié ont laissé une empreinte indélébile.

« Picasso, Matisse, Chagall, moi-même, sur cette côte où vivait Renoir, nous avons essayé de vaincre l’esprit de destruction qui domine l’époque, nous avons orné des surfaces que les hommes rêvent de démolir. Peut-être que l’amour de notre travail les protégera contre les bombes. » – Jean Cocteau.

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